Notre soutien aux Organisations Paysannes au Burkina Faso

Le partenariat avec l’Union du Nayala se concentre sur l’installation des jeunes, alors que celui avec la COPSAC  se focalise sur la production de soja bio. Quelques actions phares soutenues par Afdi  :

  • Formation des jeunes sur les pratiques l’agroécologique, la vie coopérative et associative, l’agriculture contractuelle, la gestion des stocks et magasins....
  • Conversion en cultures bio, certifiées (240 ha)
  • Promotion des CUMA (Coopératives d'Utilisation de Matériel Agricole) pour faciliter l'accès au matériel agricole pour les jeunes
  • Accompagnement  dans la gestion de leurs structures par le centre de gestion des OP (CGOP)

 

Carte du Burkina Faso,

zone d'intervention de l'UPPA du Nayala et de la COPSAC

La jeunesse de l'UPPA du Nayala

Drissa Ky, le président de l’Union Provinciale des producteurs du Nayala (UPPA) au Burkina Faso a cédé le 28 mai dernier sa place à un jeune.

Voici son témoignage :

«Je suis issu d’une famille de cultivateurs. J’ai travaillé aux côtés de mon grand-père et de mon père pour apprendre l’agriculture. J’ai vu que la terre ne ment pas, et j’ai su que je devais contribuer à développer et moderniser l’agriculture.

Je suis engagé au sein de l’UPPA du Nayala depuis 1998. Notre objectif est de créer de la solidarité entre les producteurs et les groupements  pour impulser le développement agricole dans notre province.

Depuis la création de l’union en 1993, nous avons travaillé dans l’objectif de préparer la relève. Les enfants se préparent aujourd'hui pour être les adultes de demain. Ainsi nous avons pris en compte les jeunes dans toutes nos activités pour qu’ils puissent apprendre avant de reprendre. En 2019, nous avons même mis en place une stratégie pour qu’en 2024 un jeune puisse reprendre la présidence de l’UPPA afin de conduire les activités de l’Union. La transmission entre moi et Yaya a donc été bien préparée. Notre objectif, et nous y sommes presque, est que les jeunes représentent 95% des membres de notre conseil d’administration, du comité de surveillance et des comités techniques spéciaux.

Grâce au soutien d’Afdi, nous avons formé les jeunes qui travaillent dans l’exploitation agricole familiale sur le conseil de gestion. Ils ont compris le potentiel économique de l’agriculture et en ont fait un vrai métier. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux ont créé leur propre entreprise, et ont leurs propres ressources. Il faut les encourager en ce sens et le meilleur moyen c’est de leur donner des responsabilités. Nous avons identifié les jeunes motivés, engagés pour le développement agricole, capables de gérer leur propre activité économique ou celle de leur famille ; nous les avons mis à l’épreuve en les associant à toutes nos activités. Nous les avons formés et aujourd'hui nous savons qu’ils sont capables car ils ont fait leurs preuves.

Notre volonté, en tant qu’anciens, de céder notre place aux jeunes est assez spécifique à l’UPPA du Nayala. Les autres organisations agricoles sont souvent dirigées par des présidents en place depuis longtemps. Mais si nous y sommes arrivés, c’est parce qu’on a d’abord préparé ces jeunes comme on prépare des champions. L’entrainement était long mais nécessaire.  Yaya est l’un de ces champions. »

 

Yaya Paré,

né en 1989 à Koin (province du Nayala, Région Boucle du Mouhoun).

Bien que n’étant pas le plus âgé des frères et sœurs, il a été désigné par leur père comme responsable de l’exploitation familiale. Il est marié et a 3 enfants mais la grande famille qui dépend de son activité  compte 45 membres à nourrir.

Il est agriculteur-éleveur et vulgarisateur des pratiques agroécologiques sur  22 ha en maïs, sorgho, sésame, niébé, mil et arachide et 1,5 ha en agro foresterie (maraîchage, arboriculture). Il possède également 80 ovins-caprins  et 5 paires de bœufs de trait et un motoculteur. Il démarre un projet avicole avec 45 poules.

Il est maintenant le président de l’UPPA du Nayala, qui regroupe 2 500 producteurs. L’union dispose de 10 animateurs et 35 producteurs relais.

Son témoignage :

«L’agriculture est un métier où il faut être patient et motivé !  Le soutien d’Afdi nous permet de motiver les jeunes grâce à des résultats concrets :

  • le conseil à l’exploitation familiale, permet de rendre visible la rentabilité de l’agriculture ;
  • les CUMA (Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole) permettent de moderniser le métier et de réduire la pénibilité du travail ;
  • le leadership des jeunes au sein de notre union leur permet de s’exprimer et de façonner le métier à leur image : dynamique et moderne.

Les jeunes ont pris une place prépondérante au sein de notre organisation.  Tout a commencé avec l’obligation pour chaque membre de l’UPPA de s’associer avec au moins un jeune. Ce système de parrainage est bénéfique pour le jeune qui a besoin d’apprendre de l’expérience et de la sagesse du « vieux ». Et nos anciens reconnaissent que le jeune est l’avenir de notre organisation paysanne et plus largement l’avenir du pays. C’est pourquoi ce sont les jeunes qui représentent notre organisation au niveau national. On veut faire émerger des leaders. Les jeunes de l’UPPA du Nayala sont extrêmement dynamiques, c’est une fierté pour nous. Ils participent à la prise de décisions, représentent notre union au sein de la Confédération paysanne du Faso et gèrent le comité de gestion du crédit-stockage (constitué exclusivement de jeunes).

Notre modèle basé sur les jeunes a été impulsé avec le soutien d’Afdi et est aujourd’hui à la base de toutes nos réussites. Ce que les autres partenaires et bailleurs ne veulent pas financer, c’est-à-dire la sensibilisation, la structuration, la formation et le fonctionnement (des ressources humaines), Afdi le fait et nous accompagne dans la professionnalisation de notre organisation.

Aujourd’hui nous sommes bien organisés et les autres partenaires techniques et financiers commencent à s’intéresser à nous. C’est le cas pour la participation aux stratégies agricoles (foncière notamment), et pour bénéficier de don de matériel destiné à nos CUMA. Notre union accompagne la structuration de 6 CUMA de jeunes. Ils ont à leur disposition : charrette et broyeur pour faire du compost et de la récupération des sols ; égraineuses et bascules pour commercialiser des céréales de qualité ;  triporteurs pour le transport jusqu’à 3 tonnes…

Notre ambition est de renforcer la formation technique et économique des jeunes  afin de les accompagner dans leur professionnalisation.

C’est comme ça qu’on intéressera toujours plus de jeunes à l’agriculture ! »

 

Le foncier au Burkina Faso

Dans un contexte d’insécurité, provoquant des déplacements de populations, les conflits fonciers sont nombreux, affectent la cohésion sociale et compromettent la paix durable dans la plupart des régions du Burkina Faso. Dans la Boucle du Mouhoun et précisément dans le Nayala, les jeunes ont pris les choses en main.

Depuis le début de l’année 2023, la population de la Boucle du Mouhoun est prise en étau par les affrontements, attaques et représailles qui se sont intensifiés dans cette région jusque-là moins touchée par le conflit opposant les forces de sécurité du pays à des groupes armés. Le modus operandi de ces derniers pour enclaver des dizaines de localités se répète avec la même brutalité. Cela a notamment pour conséquence d’augmenter les pressions sur les terres.

L’afflux des Personnes Déplacées Internes  venant d’abord des villages environnants fait progresser rapidement les taux d’occupation de l’espace, compromettant ainsi la «géné-rosité» des autochtones. Dans ce contexte, les transactions foncières et les mécanismes de leur régulation ont connu de profondes mutations en passant des formes traditionnelles et symboliques (don, prêt) d’accès à la terre à des formes monétarisées (vente et location).

La compétence foncière rurale revient aujourd’hui aux communes qui gèrent les sessions en s'appuyant sur les décisions de la commission foncière (composées des autorités traditionnelles, de représentants des agriculteurs, éleveurs, etc.).

Mais face à la pression foncière, les conflits se multiplient et handicapent les jeunes agriculteurs du Nayala pour qui l’accès au foncier agricole n’est plus aussi évident.

 

L’engagement des jeunes

Au sein de l’Union Provinciale des Producteurs Agricoles du Nayala, les jeunes ont été formé sur la gestion des conflits fonciers. L’UPPA accompagne ses membres pour accéder à des terres cultivables, que ce soit pour les jeunes qui veulent s’installer ou pour les agriculteurs qui ont perdu leurs terres à cause des déplacements de populations. Les jeunes de l’UPPA du Nayala sont également fortement impliqués au niveau de la Confédération Paysanne du Faso qui porte le plaidoyer au niveau national. Car même si le Burkina Faso s’est doté, en 2009, d’un arsenal législatif régulant le foncier agricole sur la base d’une approche participative avec l’ensemble des parties, il reste des difficultés majeures : absence de certains textes et outils d’application de la loi,  manque de capacité institutionnelle des communes... Il en résulte un faible niveau de sécurisation foncière ; seules 7 000 attestations de possession de foncier rural délivrées depuis la promulgation de cette réforme foncière (dont seulement 17,5% pour des femmes, et 3,3% pour des jeunes).